Du jamais vu à Lens avec pas moins de 760 syndicalistes de chez FO présents au congrès départemental
La Voix du Nord
Jean-Baptiste Konieczny a été réélu pour trois ans à la tête de l'Union départementale du Pas-de-Calais. Une victoire à l'unanimité des voix dans un contexte social très tendu. ...
Certes, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de la confédération, jouait à domicile à Lens, mais le patron de FO se trouvait dans sa ville d'origine pour les besoins de la cause. Il a laissé le rôle d'homme du jour à Jean-Baptiste Konieczny.
Un fidèle lieutenant, troublé par l'engouement du congrès 2010 : « C'est le résultat d'un phénomène que l'on mesure depuis quelques mois. Les salariés sont inquiets. Ils ressentent le besoin de s'informer sur leurs droits au sein des entreprises. » Un constat partagé par Guy Playez, 67 ans, secrétaire de l'Union locale de Lens depuis plus de vingt ans : « En quarante ans de FO, je n'avais jamais vu autant de monde. » Les deux hommes, Jean-Claude Mailly, les représentants présents halle Bertinchamps, tous, sont d'accord sur l'origine de cette inquiétude : « Nicolas Sarkozy ». Le constat du Lensois est significatif : « Un des enjeux du moment, c'est la représentativité. Le combat des chiffres des manifestants dans la rue est révélateur de la volonté de marginaliser notre action. Je suis inquiet de voir que les statistiques de participation aux élections prud'homales sont très faibles alors que les trois permanences hebdomadaires de l'union locale ne désemplissent pas. »Dans les rangs de FO, on estime que c'est le résultat de la crainte des salariés de perdre leur emploi en cas de désaccord avec leur direction.
Jean-Baptiste Konieczni a constaté lui aussi le phénomène et il a décidé voici quelque temps déjà d'adopter une nouvelle stratégie : « Il ressort de toutes les conversations que les patrons essaient de "casser" le code actuel du travail, de briser les conventions collectives. Devant les inquiétudes et les interrogations, nous avons décidé de renforcer considérablement notre service juridique. Pourtant, le système est déjà saturé. Il faut nous adapter car un salarié, seul, ne pourra pas se défendre. » Et l'on touche là une des questions essentielles, celui de l'engagement. Guy Playez regrette infiniment de voir ceux dont le souci a été réglé, quitter immédiatement le navire FO. « Ils reviennent ensuite lorsqu'un nouvel obstacle apparaît. Ce n'est pas la bonne méthode. » Jean-Baptiste donne des exemples de cette indifférence syndicale qui produit parfois des effets dévastateurs : « Quand les gens viennent nous voir, c'est souvent avec leur lettre de licenciement à la main. C'est déjà trop tard. » Et le secrétaire général de la Fédération du Pas-de-Calais de mettre le doigt là où ça fait mal : « Notre priorité à nous, c'est l'emploi. C'est mal interprété parfois. » Lorsque FO est allé voir les grévistes de Faurecia en leur expliquant qu'ils avaient pu sauver 160 emplois, ils ont reçu des oeufs en guise de remerciements : « Ils préfèrent partir avec les valises pleines d'indemnités, c'est une vue à très court terme. » De tout cela et de plein d'autres choses, les FO ont parlé à Lens et tout le monde s'est donné rendez-vous le 15 juin à Paris. •
Y. P.